« Quel modèle institutionnel synodal comme paradigme ecclésial de déconstruction du pouvoir pyramidal jadis connu, en vue d’un meilleur engagement à travers une vie paroissiale enrichissante pour un cheminement harmonieux entre laïcs, religieux (se) et prêtres ? »
De Denis NDOUR, Président du RAJA/Sénégal (RESEAU DES ANCIENS JECISTES D’AFRIQUE)
Trois éminents panélistes ont pris part à cette rencontre en apportant leur contribution à travers des communications visant à répondre respectivement à 6 questions réparties comme suit :
➢ PRÊTRE (Abbé Roger Gomis)
- Aujourd’hui comment le prêtre peut aider les fidèles en paroisse en servant de facilitateurs dans l’éducation, la sensibilisation et la construction d’une culture de la synodalité ?
- Quelle approche de co-construction devrait avoir le prêtre pour amener les fidèles à cheminer ensemble sans complexe d’un quelconque modèle institutionnel de pouvoir pyramidal dans l’Eglise ?
➢ RELIGIEUX (se) (Sr. Anne Béatrice Faye) - Dans une démarche de synodalité comment le(la)
religieux(se) peut s’engager dans les écoles et autres structures d’Eglise pour fortifier les laïcs dans leur tâches professionnelles ? - Quelle approche et quelle tournure la collaboration devrait-elle être orientée pour marquer cette synodalité en milieu professionnel et/ ou paroissial ?
➢ LAIC (Mr. Maurice Antoine Coly) - Dans une démarche de synodalité comment le laïc peut s’engager en famille, en paroisse à travers un dialogue et une franche collaboration avec le clergé pour une Eglise plus dynamique afin de mieux témoigner du Christ dans la société ?
- Quelle approche interculturelle devons-nous mettre en exergue, tout en nous enracinant du Christ pour oeuvrer ensemble pour le royaume de Dieu ?
Dans son intervention l’Abbé Roger nous a rappelé avant tout que le clergé ne peut amener les fidèles à incarner un esprit de synodalité sans que le prêtre ne soit au préalable formé à cette même synodalité. Par ailleurs force est de reconnaitre qu’au Sénégal pour la prise de parole dans l’Eglise nous assistons souvent de la part du clergé des comportements qui reflètent, de l’Autoritarisme, de l’arbitraire, et même du clientélisme (des nantis souvent privilégiés dans la gestion de la paroisse) et d’un manque de flexibilité dans les prises de décisions en paroisse. Ainsi il lance un appel pour changer d’approche afin de favoriser entre clergé et laïcs : la co-responsabilité, la co-construction afin de bannir le cléricalisme
D’ailleurs les participants ont fait le constat que les questionnaires et la documentation ont été destinés à certaines organisations choisies et à quelques élites de l’Eglise pour eux cet échantillon minimal, fausse totalement l’objectif du Pape qui invite à l’inclusivité dans la démarche. D’ailleurs il a été rappelé que la pyramide renversée de 1965 avec l’avènement du concile pour l’implication des laïcs n’est pas respectée. Ainsi Abbé invite ses pairs à vivre leur mission le plus communautairement possible pour éviter que le prêtre agisse seul au détriment de l’approche participative de tous les paroissiens sans exception.
Quant à la soeur Anne Beatrice, elle commence à nous inviter à la conversion synodale par un enracinement pour une égalité dans l’Eglise en donnant plus de place et plus de responsabilité aux femmes dont l’engagement dans l’Eglise n’est plus à démontrer mais malheureusement, elles ne sont pas valorisées. En ce sens, elle préconise de passer de la centralité des décisions à l’écoute des autres, pour un leadership ouvert qui privilégie le travail en équipe en paroisse et dans le milieu professionnel. Pour elle il faut favoriser entre tous les fidèles, un climat de confiance traduit par une synodalité où tous les membres d’une organisation ou d’une communauté ont leur place et leur voix à faire entendre. Il s’agit donc d’encourager la participation active de tous les membres de l’Eglise et s’assurer que leurs idées et leurs préoccupations sont entendues et prises en compte.
Durant le débat également il a été mis en relief une perception de la Synodalité comme un processus bureaucratique. Et pour finir elle nous invite à approfondir la réflexion à travers quelques interrogations pour interpeller le pouvoir hiérarchique et religieux dans l’Eglise : Le « pouvoir religieux » est-il suffisant aujourd’hui pour trouver le sens ultime de sa vie ? Est-ce en changeant le visage du pouvoir, c’est-à-dire en le rendant plus laïc ou plus féminin, que l’on réussira à rendre l’Église à nouveau populaire ? Finalement, de quoi l’Eglise a besoin en priorité aujourd’hui ? Est-ce de plus de prêtres ou la restauration de l’autonomie légitime des fidèles laïcs, individuellement ou en association ? « Quels pas de plus l’Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale » ?
Le Troisième intervenant Mr. Antoine Maurice Coly a plutôt mis en exergue le fait que la synodalité doit d’abord être expérimentée dans l’Eglise domestique. Selon lui c’est en famille que tout commence à travers : l’acceptation de l’autre, le respect de l’autre, le sens du service envers le prochain, la collaboration dans la franchise entre époux, épouses et enfants. Mr.Coly nous rappelle le rôle de l’Eglise peuple de Dieu qui manifeste la participation à la mission évangélisatrice. Pour ce faire nous devons au milieu de la famille relever les défis suivants : la Communion, la participation et la mission. Il s’agit-là de transmettre dans l’Eglise et dans la société cet amour traduit en communion avec Dieu,qui nous rassemble par son alliance dans l’amour de la Trinité vécue en vérité dans la famille. Concernant la Participation, cela implication l’écoute au sein de la famille puis à la paroisse afin d’entendre ensemble l’Esprit Saint pour l’aspiration de l’Eglise du 3ème Millénaire.
La Synodalite devrait être pour nous un chemin où l’Eglise doit remplir par notre baptême qui fait de nous enfants de Dieu. En outre, il nous rappelle que souvent nous aimons critiquer nos prêtres, religieux et religieuse en famille et en paroisse, toute fois dans la construction, Mr.Coly précise qu’il devrait s’agir d’une Correction fraternelle pour une communion fraternelle. Quant au prêtre il devra mettre en valeur son statut de Pasteur comme un gardien à l’écoute d’un troupeau dynamique.
Une grande interrogation a été posée par les participants : comment mettre en pratique cette nouvelle approche de la synodalité à travers notre façon de vivre en Eglise ? Autrement dit, les réflexions faites et les recommandations formulées durant ce webinar ne devraient pas restés sans suite.
Pour conclure, tour à tour tous les trois panélistes ont mis l’accent sur l’importance et la nécessité de s’approprier des documents synodaux et en particulier le rapport continental, pour une large vulgarisation auprès des fidèles quel que soit leur rang ou leur statut dans l’Eglise. Tâche à laquelle le RAJA est invité s’y atteler d’ici octobre 2023 à travers d’autres webinars et conférences.
Dans cette démarche de synodalité, la Sr.Anne Béatrice Faye pense qu’il est important de prendre en compte toutes les actions lorsqu’on entreprend un processus d’écoute : « Prier, écouter, analyser, dialoguer et conseiller ».